La Taverne du Cheval Boiteux.

Le soleil venait de sombrer lentement dans l’océan, la pénombre s’installant peu à peu sur Venarie. La plus part des habitants rentrèrent prestement chez eux, désertant les rues de la ville fortifiée. Il n’y avait pas un chat, ou presque : une silhouette encapuchonnée se déplaçait tel une ombre à travers les sombres ruelles. Sur son chemin, elle croisa un chient errant, l’animal d’abords somnolant, se mit à aboyer furieusement à son approche. Mais plus elle avançait, plus le chient reculait, de moins en moins sûr de lui. Lorsque finalement, excédée, Alea fit claquer en un éclair sa chaîne d’argent contre le sol en pierre, faisant déguerpir l’animal. Généralement, ce quartier de Venarie n’était pas très bien fréquenté, surtout de nuit. Mais Alea s’en fichait éperdument, elle avait un rendez-vous important.

Peu de temps après, elle arriva à destination : la Taverne du Cheval Boiteux. S’était un bâtiment plutôt délabré mais qui tenait encore debout. Alea entra dans ce lieu qu’elle connaissait si bien. A l’intérieur, comme chaque soir, il y avait pas mal d’animation : on entendait de la musique, plusieurs jouaient aux cartes, d’autres se saoulaient. C’était un véritable nid à cafard, allant du simple voleur des rues à l’assassin. Même si ces derniers étaient peu nombreux. Sa capuche cachant toujours son visage, Alea alla au bar, comme à son habitude et patienta en silence. L’homme qui tenait la taverne s’approcha alors de la nouvelle venue avant de lui demander :

-J’vous sert quoi l’ami ?

-Rien, j’attends quelqu’un, répondit Alea sans cacher son dédain.

Le barman retourna essuyer de la verrerie en grognant dans sa barbe. La jeune femme était arrivée un peu en avance, comme toujours. Elle devait rencontrer un homme qui devait lui donner des, ou un, nom. Alea partirait alors en chasse afin de ramener de l’or dans les caisses de la Griffe Sanglante, car elles étaient plutôt vides ces derniers temps … L’Assassin avait déjà rencontré ce contact à de nombreuses reprises dans le passé. Cette taverne était leur lieu de rendez-vous habituel. Son contact n’avait jamais négligé les rendez-vous d’Alea, il faut dire qu’elle faisait du bon travail. Elle était d’ailleurs entrain de se demandait qu’elle serait le poisson qu’elle devrait pêcher prochainement, lorsque tout d’un coup, un ivrogne lui tomba dessus. Il avait trébuché sur une planche en bois inégale et alla s’appuyer sur les formes d’Alea pour stopper sa chute. Il eu un rire gras avant de reprendre son équilibre et de poser sa main sur le comptoir.

-Et bien ma p’tite demoiselle… vous avez de très belles formes. Z'êtes libre ce soir… ?

La réaction d’Alea ne se fit pas attendre. En une fraction de seconde elle planta l’un de ses pieux dans la main droite de l’ivrogne. La Démone avait agis avec tant de véhémence, que son pieu traversa la main et alla se planter dans le bois. Le pauvre homme hurla à la mort, stoppant net l’activité général.

-Hooo la ! Les bagarres c’est dehors, alerta le barman.

Alea ignora l’avertissement et sortit son autre pieux avant de le plaquer contre la nuque de sa victime :

-Ecoute-moi bien sale porc répugnant, si tu ne t’excuse pas, je te saigne à blanc.

Toute l’attention était tournée vers eux et pourtant, personne n’osa s’interposer.

-Pardon, pardon. Pardonnez-moi ! J’vous en supplie laissez-moi partir, dit il en pleurant.

-Tu as de la chance, siffla-t-elle. Si je n’avais pas eu quelque chose d’autre à faire, je t’aurais trainé dans la boue par les cheveux et je t’aurais coupé les mains !

Exaspéré par tant de faiblesse, elle retira son pieu pour ensuite frapper avec force la tête de l’ivrogne contre le comptoir, à l’aide de sa main. Il s’affala au sol, inconscient. Avant de se rassoir silencieusement comme si de rien était, elle lui cracha au visage. D’abord incertain, l’activité dans l’auberge reprit peu à peu son cours. L’ivrogne, quant à lui, avait son compte. A présent s’était l’heure, son contact ne devrait plus tarder à arriver.

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En attente d'une affectation vers une mort probable et vraisemblablement douloureuse, le soldat lambda n'a souvent qu'un seul choix d'activité, se saouler suffisamment pour transformer l'attente angoissante en un rêve douceâtre. C'est donc pour cela que le vieil homme avait pris une bourse pleine d'espèces et avait traversé la ville jusqu'à la taverne du Cheval Boiteux.

La main sur la garde de son arme, il avait repoussé d'un regard les quelques détrousseurs qu'il avait croisé. C'était une chose amusante qu'il avait remarqué sur les bandits. Plus vous aviez l'air faible, plus il était facile de les repousser. En effet, si vous êtes chétifs mais que vous semblez sur de vous, la plupart des bandits en déduisait que vous avez suffisamment de technique ou de relations pour transformer leur vie en un enfer.

Pressant le pas pour éviter les premières gouttes qui commençaient à tomber, Emmett fut témoin de la fin de la "scène". La jeune femme était visiblement une chimère. Pourquoi ? Il semblait logique à Emmett qu'une personne aveugle pouvant "voir" parfaitement était soit un mage, soir une chimère. Et quelle réponse était la plus logique compte tenu du cadre ?

Emmett détestait ces créatures. Premièrement, l'humanité n'avait pas besoin de ça. Une des grandes forces de l'humanité, aux yeux d'Emmett, était d'avoir toujours réussi à régler ses problèmes seule. Si une chose est trop lourde a porter, inventons une machine. Si une chose est trop dure à briser, aiguisons nos lames. La vieille fierté humaine. Aussi, Emmett pensait que les elfes n'avaient pas forcément tort. Il y avait pour lui quelque chose de malsain à jouer ainsi aux dieux avec la vie.

Depuis la porte, la main sur le pommeau de son arme, il lança, faisant peser moult menaces dans sa voix :

"Qui est ton maitre, créature ?"

Sujet: Re: La Taverne du Cheval Boiteux. Mar 11 Jan 2011 - 19:18

C'est une journée bien banal qui venait de s'achever pour Edward, laissant place à la beauté de la nuit. Que faire pour s'occuper maintenant que le loup était dehors, dans un quartier peu recommandable de Vénarie ? A vrai dire l'ennui aurait été une excuse de plus pour suivre Alea qui venait d'entrer dans une taverne, c'était plus fort que lui, son instinct disait qu'il devait veiller sur elle comme un chasseur protégeant son chef de meute. Attendant un instant dehors pour ne pas attirer de suite l'attention, tout en profitant pour voir si personne d'autres ne les suivaient, ce qui n'était bien sur pas le cas. Après même pas une minute d'attente, le membre de la griffe sanglante s'engouffra dans cet endroit de débauche, repérant de suite son chef, il se pressa pour s'asseoir à une table libre une quinzaine de mètres plus loin. Le temps s'écoulait petit à petit et déjà l'homme s'ennuyait. Posant sa tête sur sa table, Edward été prêt à réagir au moindre petit danger.

Un danger ? Il n'en était rien, mais une situation embarrassante oui. Le loup assista à toute une scène qui calma l'animation du bar, tout les regards fixant la même personne. Qui d'autre que le chef de la griffe sanglante pouvait faire cela ? Alors que la chimère sortit ses canines, imitant sa moitié non humaine lorsqu'un ivrogne rentra violemment en contact avec son chef, il ressentit par la suite de la pitié pour cet être maladroit qui avait servit de défouloir à la démone. Une fois cet incident terminé, l'assassin reposa sa tête sur son reposoir, mais il ne se passa pas longtemps avant le nouvel incident. Un vieil homme, cette fois sobre d'apparence interpella toute la salle par un propos impardonnable pour la chimère.

"Qui est ton maitre, créature ?"

Pensant tout d'abord qu'il y avait erreur sur la personne, plus aucun doute ne planait par la suite. L'ingrat qui venait d'entrer s'adressait bel et bien à Alea sur un ton plus qu'agressif. Le jeune loup lança de suite une regard assassin dans la direction du vieil homme, ne le quittant plus des yeux, comme pour surveiller chacun de ses gestes. Hésitant à intervenir, il n'en fit rien finalement, pensant que l'aveugle lui en voudrait certainement pour "si peu", le fait qu'elle sache que le loup l'est suivit est d'ailleurs une raison suffisante pour lui en vouloir.

C'est ainsi que dans son coin de salle la chimère sortit les crocs et gratta la table de ses griffes métalliques comme pour évacuer sa haine. Désormais il ne pouvait plus qu'observer et lancer des regards malsains au nouveau venu, même si ce dernier ne s'en rendrait certainement pas compte.

Sujet: Re: La Taverne du Cheval Boiteux. Mar 11 Jan 2011 - 21:55

Après son règlement de compte, Alea s’était rassise, essuyant, avec un soin quasi méchanique, ses deux pieux. Avant de finalement les remettre à leur place, sous la cape. Que faisait donc son contact... ? Il avait été sans doute écrit quelque part dans le ciel, qu’elle n’obtiendrait pas cette rencontre ce soir là…

-Qui est ton maître, créature ?

Alors que l’animation générale venait de reprendre timidement son cours, une personne se tenant au seuil de la taverne avait fait une étrange déclaration pleine de menaces. Il y eu un lourd silence. Au début, l’aveugle n’avait pas comprit que l’étranger s’adressait à elle. Puis, en écoutant attentivement, elle put entendre des murmures quasi-inaudibles dans l’assistance :

-A qui il parlait à ton avis ?

-C’est pas à la femme avec le bandeau sur les yeux, assise là bas… ?

A ces mots, Alea haussa un sourcil avant de sourire. Mais ce dernier disparut bien vite lorsqu’elle comprit une chose. Elle passa sa main sur sa tête, la capuche de sa cape n’était bel et bien plus là. Elle avait du tomber sur ses épaules lorsque l’ivrogne l’avait bousculée. L’assassin la remit, rapidement, se maudissant de son manque de vigilance : on avait pu voir son visage. Elle devait rester discrète. De toute façon, demain, tous auront certainement oublié à quoi elle ressemblait. Quoi que, vue comment elle s’était faite remarquée précédemment… Elle soupira de lassitude, tant d’ennuis s’abattaient sur elle, comme pour l’entraver dans sa progression…

-Créature ? Répondit-elle interloquée, je te conseille d’arrêter la bibine, vieillard.

La suite de sa phrase avait été dite sur un ton bien moqueur, mais le ton avait subitement changé au dernier mot, se faisant nettement plus menaçant. Alea n’était pas d’humeur ce soir. La journée avait été longue, et les ennuis s’emblait s’entasser à l’infinie comme une pile d’assiettes sales. La tension était plutôt palpable. Que voulait cet étranger ? Sa réflexion s’arrêta lorsque son ouïe perçut des bruits étranges. Rapidement, elle comprit.

-Edward… souffla-t-elle tout bas.

Il ne manquait plus que ça. A l’instar d’un bon vieux toutou il l’avait suivit jusqu’ici. N’avait-il pas quelque chose d’autre à faire de plus intéressant ? Alea décida qu’elle réglerait cela plus tard. Pour l’instant, la Démone était toujours assise sur son tabouret, attendant toujours son contact. Viendrait-il seulement avec toute cette agitation ? La jeune femme n’y croyait plus vraiment…

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Alors donc elle était une humaine ? Emmett était loin d'en être sur, mais vu que l'homme-chien en était évidemment une, il en conclut que la jeune femme était sa maitresse, une humaine donc. sans baisser sa garde, il dit :

"Excusez moi, j'ai pas l'habitude de voir des aveugles avec une meilleur vue que moi. Mais gardez votre chien en laisse, qu'il ne se brise pas une dent sur du cuir d'ivrogne."

Continuant son chemin jusqu'à une table, Emmett ne lâcha pas des yeux l'étrange couple, la main toujours près de la garde de son arme, l'esprit alerte. Une fois assis, il regarda autour de lui.La moitié des gens présents étaient vraisemblablement comme lui, des hommes sur le point de partir au combat, tentant de profiter de leurs dernières journées de tranquillité. Pour mieux se faire apprécier, au cas où il aurait besoin de l'aide d'un de ces hommes un jour au front, il lança, d'une voix haute et claire :

"Tavernier, tournée générale pour fêter les braves qui iront défendre notre nation."

Qui ne tente rien ...

Sujet: Re: La Taverne du Cheval Boiteux. Jeu 27 Jan 2011 - 1:07

Bien que Edward avait tenté de masquer sa présence à sa maitresse, il était bien trop concentré sur le vieil homme pour se rendre compte de ce qui l'entourait, si bien que sa discrétion pourtant efficace s'est retrouvée inefficace dans cette situation. N'ayant même pas remarqué que sa présence n'était plus un secret pour Alea, le loup interpellé par les prochains propos du vieillard.

"Excusez moi, j'ai pas l'habitude de voir des aveugles avec une meilleur vue que moi. Mais gardez votre chien en laisse, qu'il ne se brise pas une dent sur du cuir d'ivrogne."

Par chien, il ne faisait aucun doute que l'homme parlait de la chimère qu'était Edward. Ainsi donc l'humain avait remarqué l'hostilité du loup envers lui, tout en relevant la présence de ce dernier. Cette révélation donnait envie à Edward de sa faire le plus petit possible et de s'échapper de la taverne, comme si par miracle Alea n'avait pas remarqué la présence de sa chimère et qu'elle n'avait pas comprit que le vieillard parlait de lui ... Il ne fallait pas rêver, la présence du loup n'était plus un secret pour la chef de la griffe sanglante et ceci peut-être même avant l'intervention du nouvel arrivant. Et puis ... pas question de prendre la fuite car le vieillard avait déjà montré assez d'agressivité comme cela envers sa maitresse et Edward ne pouvait la laisser exposer à un quelconque danger. Qu'avait-il dit déjà ? "Gardez votre chien en laisse" ? Le loup ne savait pas s'il devait être vexé suite à cette phrase, s'il devait sauter à la gorge du vieillard ou bien s'il devait juste ignorer les propos énoncés. Bien qu'il y est du vrai dans ce que venait de dire le vieillard, les chimères appartiennent depuis toujours aux humains dans l'unique but de les servir, comme un chien docile qui protégerait son maitre. Les mots employés auraient pu blesser les sentiments de Edward, mais il n'en fut rien car la chimère c'était faite à cette vie qui ne le déplaisait pas plus que cela, tant qu'il parviendrait à atteindre son but.

Alors que l'homme annonçait une tournée générale, le loup s'était levé et s'approcha doucement de sa maitresse pour s'arrêter, adossé à une table voisine. Mettant sa main devant sa bouche, le loup commença à se mordiller le poignet, mettant en évidence ses griffes métalliques tout en montrant qu'il était perplexe quand à l'idée que sa maitresse savait qu'il était là. De toute manière il avait fait en sorte en s'approchant d'elle, qu'elle remarque clairement sa présence, attendant juste un ordre de sa part pour l'exécuter, qu'il soit de les rejoindre, de s'occuper du vieil homme ou tout simplement de quitter la taverne, même si ce sera à contrecœur pour le loup que de laisser Alea avec un homme dangereux.

C'est donc attendant le moindre signe de la part de la chef de la griffe sanglante que Edward s'était planté, muet. Quelque soit la décision de sa maitresse la chimère fera ce qu'elle désirera de toute manière, n'est-ce pas là le rôle qui lui est attribué ?

Sujet: Re: La Taverne du Cheval Boiteux. Jeu 27 Jan 2011 - 2:20

Après la plaisanterie d’Alea à l’encontre du vieillard, il y eu un long silence. Apparemment, les clients de la taverne ne savaient pas s’ils avaient le droit de rire stupidement ou non. Cela pouvait être la cause de deux choses. La première était que l’étranger devait disposer d’une certaine prestance, une sorte d’intimidation. L’aveugle l’avait sentit, ce n’était pas un vioc comme les autres. Elle n’aurait su l’expliquer, parfois elle sentait des choses sur les personnes qu’elle rencontrait, une sorte d’intuition. La deuxième, plus réaliste puisqu’évidente, était parce qu’elle avait violement agressé l’ivrogne. Mais en y réfléchissant bien, cela pouvait tout aussi bien être les deux.

Quoi qu’il en soit, le silence fut rompu par l’inconnue qui s’excusa de son impolitesse avant de signaler la présence d’Edward qui se faisait remarqué par son agacement. Il poursuivit son chemin en direction d’une table, d’un pas lent mais sûr. Alea pouvait même entendre les planches grincer sous la prestance de cet homme. « Qui était-t-il ? D’où venait-il ? » Autant de questions se bousculait dans l’esprit de l’assassin, l’assaillant inlassablement. C’est finalement lorsqu’il annonça une tournée générale que sa curiosité atteignit son paroxysme. Néanmoins elle entendit Edward se rapprocher, se tenant sur une table non loin de sa maîtresse.

Alors que l’animation reprenait une fois de plus son cours, Alea se leva avant de s’approcher de la table de l’inconnue. Elle s’empara d’une chaise d’une table voisine avant de s’y assoir. Elle fit également signe à son acolyte de s’assoir à la chaise vacante d’un claquement de doigt sec.

-Excuse-toi d’avoir montré les dents au monsieur… Maintenant ! Ordonna-t-elle d’un ton qui ne pouvait être contesté.

Un serveur passa autour des tables avec un plateau transportant de nombreuses bières. Alea en attrapa une avant de la porter à ses lèvres. Boire de temps à autre ne faisait pas beaucoup de mal. Ayant laissé le temps à la chimère pour s’excuser Alea s’exprima enfin, son visage toujours à demi voilé par son capuchon :

-Ne vous en faites pas, je défends la Nation à ma manière… Fit-elle en montrant sa bière de la tête, j’imagine que vous travaillez dans l’armée. Une attaque est prévue ? Je n’ais pourtant pas eu de nouvelles…

Inutile d’essayer de ne pas se présenter, Alea était persuadée qu’il allait lui demander son nom… Après tout, on n’apprend pas au singe à faire la grimace, non ?

-J’oubliais, je suis Alea la Démone, je travaille dans le même but que le votre mais… dans l’ombre. Lui c’est Edward, une chimère qui est à mon service. Et vous… vous êtes ?

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Emmet attrapa lui aussi un bock de bière sur le plateau. Il le porta à ses lèvres et y but une gorgée de bière. Il en prit une autre pour cacher le sourire qu'il eut en écoutant la jeune femme. Démone, vraiment ? En tout cas, c'est sur que c'est une bonne façon d'entamer la conversation. Il prit le temps de détailler du regard ses interlocuteurs. On pouvait voir qu'ils n'étaient pas des amateurs. Il reposa son verre, caressa quelques secondes son bouc et dit :

"La démone, hein ... Mon nom est Saurreley, et je n'ai pas d'informations quand à une attaque. Mais vous le savez surement, en temps de guerre, il faut être prêt."

Il laissa un petit blanc, se pencha vers elle et dit, plus bas, les mais sur la table pour ne pas avoir l'air d'une menace :

"Si vous voulez servir la nation, évitez de faire croire à ces hommes qu'une simple femme peut les découper en rondelles sans problème. Ils auront tout le temps d'être démotivés par le vrai combat."

Il se rassit normalement, prit une autre gorgée de bière, appela le tavernier, commanda un morceau de saucisson et dit :

"Et y a t'il quelque chose qu'un vieillard puisse faire pour aider notre nation ?"

La maitresse d'Edward avait décidé de s'asseoir à la même table du vieil, faisant également signe au loup de s'approcher et prendre place avec eux. S'exécutant, la chimère prit place sur la chaise vacante, posa ses coudes sur la table, croisa ses bras tout en appuyant sa tête sur son poignet droit, expriment ainsi un certain calme tout en restant attentif aux faits et geste de l'inconnu présent à la table.

-Excuse-toi d’avoir montré les dents au monsieur… Maintenant !

Alea avait le don de se faire respecter, surtout avec le jeune loup qui ne pouvait rien lui refuser. Bien que Edward n'avait aucune envie de présenter ses excuses au vieillard, il en était contraint et peut-être n'aurait-il pas du se montrer si agressif ? Impossible vu la façon dont l'humain avait interpellé sa maitresse. Mais si là était le désir du chef de la griffe sanglante, ce sera sans aucune contestation que le loup fera des excuses qui paraitraient le plus sincère possible. Observant l'homme dans les yeux, Edward prit la parole.

" Je suis désolé d'avoir été si agressif ... "

Marquant une légère pause, la chimère détourna son regard vers Alea, voyant si cela allait la satisfaire, il baissa ensuite la tête, fixant le centre de la table puis ajouta d'une voix plus faible, comme pour s'adresser aux deux humains.

" ... Si je puis faire quoi que ce soit pour me faire pardonner. "

La discussion entre les deux autre personnes présentent à cette table s'entama et Edward n'avait pas son mot à dire la-dessus. Le loup se contenta simplement d'écouter et observait ce qui l'entourait, comme pour guetter si un danger planait ou si quelqu'un les espionnait, tout en se méfiant encore, bien entendu, du vieil homme assis à la même table de sa maitresse, sans pour autant montrer un quelconque signe d'agressivité. Après tout, c'était son instinct qui lui disait de protéger son chef et il ne pouvait rien contre cela.

Par la suite, Alea se présenta au vieil homme, ainsi que la chimère. Était-ce bien prudent de sa part de se confier à un inconnu comme cela ? La démone devait bien savoir ce qu'elle faisait après tout et c'est ainsi que Edward ne réagissait même pas lorsque sa maitresse le présenta. Restant toujours aussi calme et décidant de ne pas parler tant que l'ordre pour se faire ne lui sera pas donné, la chimère restait là, immobile, ayant comme simple rôle celui d'un observateur.

Alea acheva sa bière rapidement avant de la poser sur la table. Son interlocuteur parlait comme s’il était un guerrier expérimenté. Sa voix était étonnamment dure pour son âge. L’aveugle aurait mit sa main à coupée qu’il était bel et bien ce qu’il prétendait être. Et peut-être même plus, mais ça s’était une autre histoire. Saurreley hein ? Jamais entendu parler… La jeune femme écouta attentivement ce qu’il avait à dire. Pas d’infos, une réplique de sage. Puis il y eu un blanc avant qu’il ne s’approche d’elle pour lui glisser quelques mots. Alea entendit distinctement les mains de Saurreley se poser sur le bois de la table : il ne lui voulait rien de mal. Elle se pencha à son tour, un sourire en coin se dessinant sur son visage :

-Qui vous dit que je suis une simple femme. Ne croyez pas que j’ai choisis mon surnom, c’est ainsi que l’on m’a nommée dans le milieu. De plus… ne pensez-vous pas que tant que l’on n’a pas affronté la mort, on ne peut se vanter d’être un guerrier ?

Alea voyait les choses sous cet angle. Une fois qu’on avait connu la vrai peur, il fallait vivre avec durant chaque affrontement. Cette peur, il fallait la maîtriser, la dominer. Du moins, pour atteindre ce stade, il fallait avoir survécue à la mort… Et vue la voix de certains jeunes gens de la salle… certains étaient clairement inexpérimentés. Elle se rassit avant de croiser les jambes et de demander une autre bière à un serveur. Saurreley en fit de même sauf qu’il commanda du saucisson. Puis il demanda s’il pouvait faire quelque chose pour la nation.

-Allons allons, vous êtes bien dur avec vous-même. Vous n’êtes pas si vieux, à moins que mon oreille ne me trompe, je vous donne dans les 52 ans.

Puis elle laissa un léger silence dans leur conversation flotter doucement dans l’air.

-Que voulez-vous faire pour notre nation ? Je veux dire, de plus. Vous êtes déjà soldat, non ? Reprit-elle avec plus de sérieux.

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Le vieillard étouffa une quinte de toux et coupa une rondelle de saussisson, qu'il engloutit d'un coup avant de couper d'autres morceaux pour ses "invités". Il se racla la gorge et dit :

"Je ne suis pas spécialement d'accord avec vous, mais bon ..."

Il semblait ne plus vouloir spécialement parler. Il prit un autre morceau de saussisson, une gorgée de bière et sembla réfléchir à la question de l'humaine. Il y avait beaucoup de choses qu'il pouvait faire.

"Je ne sais pas si je serais un bon homme de rang. Enfin ... Soldat me suffit amplement. Enfin ... Je pense."

Il gratta machinalement les cotés de son cache-œil. Il commençait doucement à fatiguer, aussi il prit une autre tranche de saussisson et cacha un bâillement. IL gratta doucement son bouc, semblant chercher ses mots et se leva d'un coup.

"Madame, je vais devoir vous laisser, si vous avez besoin de moi, je présume que vous saurez me retrouver."

Il s'éloigna alors, marchant vers le comptoir pour régler sa note.

Toujours neutre, Edward jouait parfaitement son rôle d'observateur. Au fil de la conversation les deux humains s'enfilèrent plusieurs bières ainsi que de la viande, le loup ne demanda rien, muet comme une carpe. Il y avait deux raisons à cela, premièrement il n'avait pas son mot à dire, ne voulant pas alourdir la note rien que pour lui et deuxièmement, lui plus l'alcool ne collaient pas ensemble ... en effet il en fallait vraiment très peu pour voir le loup se transformer en une autre personne pour ensuite s'endormir lamentablement.

Restant toujours attentif à ce qui se disait, Edward remarqua que le vieil homme souhaitait partager son morceau de viande aux autres personnes présent à la table, mais la chimère fit mine de ne pas l'avoir remarqué, ne voulant pas paraître impoli à se ruer sur la nourriture sans avoir eu l'autorisation d'accepter ce présent. C'est alors que le vieil homme se leva pour ensuite annoncer une nouvelle qui allait plaire au jeune loup, qui n'était autre que son départ. Il fallait bien avouer que le fait qu'un inconnu est abordé sa maitresse de la sorte n'avait pas plus à Edward, n'éveillant que méfiance pour l'humain, ce qui montra une joie mal dissimulé de la part du loup.

Voyant le vieil homme au comptoir, la chimère profita de cette occasion pour s'adresser à son chef. Fixant son bandeau, comme si elle pouvait le voir, il baissa ensuite les yeux au moment de prendre la parole, d'une douce et sincère voix, souhaitant se faire pardonner.

" Hmmm... Au sujet de ma présence ici ... "

Edward marqua une petite pause pour laisser le temps à sa maitresse de se rendre compte de ce qu'il avait fait, mais aussi parce qu'il craignait un peu sa réaction qui lui sera inconnu, cherchant les mots juste.

" ... Je suis désolé ... "

Finalement les excuses furent des plus banales, mais on pouvait entendre que ses excuses étaient sincères. Désormais la chimère n'avait plus rien à dire, il devait juste attendre la sentence de la part de son chef et obéir à ses prochains ordres. Tel était son rôle de chimère.

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La pluie avait cessée mais le temps restait incertain et c'est avec soulagement que Volny s'approcha de la taverne. Il revenait tout juste d'une obscure mission rapidement exécutée, profitant du crépuscule bien plus sombre que la nuit. Cela faisait déjà un petit moment qu'il pleuvait et il craignait que la missive qu'on lui avait demandé d'intercepter ne soit détrempée lorsqu'il entra dans la taverne du Cheval Boiteux.

Lorsqu'il avait ouvert la porte, des regards interrogateurs s'étaient tournés vers lui. Il n'était pas un habitué encore qu'il venait de temps à autre mais il avait l'impression que l'atmosphère n'était pas la même que la dernière fois. L'intensité des regards révélait comme un malaise, une impression de déjà-vu peut-être ou un soupçons d'exaspération. Impossible à dire.

Il fit quelques pas à l'intérieur et remarqua l'homme évanouit en s'approchant du comptoir. Visiblement il saignait mais personne n'avait jugé utile de l'aider. Il se demanda un instant que faire puis jugea que si personne n'avait rien fait il y avait peut être une loi tacite qui s'appliquait dans ce cas. Mieux valait jauger les personne présente avant de faire quoi que ce soit. Et quoi de mieux que de demander au barman les dernières rumeurs dans ce cas ?

Un homme d'age mur réglait tranquillement sa note à coté de la victime. Peut-être était-il responsable de tout ceci. Contournant l'homme pour se retrouver de l'autre coté de la victime, il s'adressa au barman :

- Toujours pas de bloody mary ? Je me demande pourquoi je demande à chaque fois. Qu'est ce que tu me recommandes par les temps qui courts ? Un remontant pour la pluie ou un tord-boyau pour faire passer l'ambiance ? Ça fait un moment que je suis pas venu et ca semble "différent". Sert moi donc une de tes bonnes bouteilles pendant que tu me racontes ce que j'ai manqué.

Le barman le regarda avec un léger rictus signifiant quelque chose comme "c'est pas le moment". Ce que Volny interpréta comme "pas tant qu'il n'a pas filé" et se tourna donc tout naturellement vers le vieille homme.

Il n'était pas si vieux que ca finalement car son corps ne s'affaissait pas et ne semblait pas se relâchait d'un poil. A croire que ca ne pouvait qu'être une confirmation de ses soupçons. Cet homme avait du savoir se battre et entretenir son corps.

- Oh ! C'est vrai je suis tout a fait d'accord, il vaut mieux l'entendre de la bouche des intéressés n'est ce pas ? Sert moi donc un deuxième verre pour le soldat ici présent.

[EDIT : désolé je n'avais pas vu la mise à jour concernant la météo donc j'ai actualisé mon post en tenant compte de la météo]

Sujet: Re: La Taverne du Cheval Boiteux. Dim 13 Mar 2011 - 14:39

La conversation s’acheva rapidement, visiblement le vieillard en avait assez. Il semblait se contenter de son statut de soldat. Il se leva avant de s’éloigner pour régler sa note.

-Mademoiselle je vous prie… Souligna-t-elle avec un sourire en coin.

Alors qu’il se dirigeait vers le comptoir, Edward se manifesta timidement en s’excusant à propos de sa présence.

-Oublions ça, il y a plus important. Fit Alea, ennuyée.

Soudain, une autre personne pénétra dans le bar, décidément la taverne avait beaucoup d’animation ce soir là. Néanmoins l’aveugle de s’y attarda pas. Elle entendit néanmoins le nouveau venu se renseigner sur les derniers évènements. Sentant qu’ils allaient une nouvelle fois se faire remarquer, Alea se leva en s’assurant que sa capuche était toujours sur sa tête.

-On part. Ordona-t-elle à l’intention d’Edward.

Il fallait croire que la rencontre avec son contact allait avoir lieu un autre jour.

[HJ : Out- Nous quittons la Taverne du Cheval Boiteux.

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Spoiler: