Et les jours furent long.

Depuis quelques jours maintenant Neoneus se reposait et récupérait doucement de sa blessure grâce aux soins de sa mère, mais celle-ci avait disparue sans laisser le moindre message à sa fille, de ce fait elle s'inquiétait un peu pour elle, sachant la situation dans laquelle la famille était depuis quelques temps. Elle voulait la chercher pour s'assurer que celle-ci n'avait pas de problème, seulement, ses blessures n'étant pas totalement guérie risquerait de s'aggraver, Neoneus n'avais d'autre choix que de rester alité pour le moment, ce qui la frustrait quelque peu. Sa mère lui avait enseigné un sort d'une grande puissance qui permettait de s'auto-régénérer, mais Neoneus ne le maîtrisait pas à la perfection. Son niveau était seulement suffisant pour les blessures pas trop grave, ce qui n'était pas le cas de celle qui était présente sur son abdomen.

Quand la jeune elfe se senti un peu mieux elle se déplaça tranquillement dans sa maison, rangeant quelques petites choses, visiblement sa mère avait dû partir assez vite, ce n'était pas dans ses habitudes de laisser un peu de désordre. Quand elle reviendrait elle lui demanderait à coup sûr, du moins si elle revenait un jour, Neoneus s'imaginait le pire tout d'un coup. Le gardien l'aurait choisi pour le sacrifice ?

Lorsque la maîtresse de la maison rentra, elle remarqua que rien n'avait changé. Depuis que sa fille était revenie avec une blessure plus inquiétante que les précédentes, Edlaega n'avait pu s'empêcher de se faire du sang d'encre, oubliant les bases de sa vie quotidienne. Qu'il était difficile de se concentrer quand toute son attention était focalisée sur le dernier membre de sa famille. Elle était déjà suffisament abattue depuis la mort de son époux, la laissant seule avec une enfant qui ne pourra jamais répendre le nom de la famille Egamlung. Quelle tristesse, quel désordre dans sa vie...
Ce ne fut que lorsqu'elle entra dans la chambre de sa fille et qu'elle la vit redressée sur sa couchette que l'expression l'elfe aux cheveux clairs s'illumina.

"Oh ma chérie, tu es enfin réveillée ! Pardon, je pensais pas te revoir sur pieds d'aussitôt, j'étais partie préparer le rite sacré en l'honneur de Celenus aussi vite que possible afin de rentrer tôt pour te préparer un bon pôtage ! Tu te sens prête pour te lever ?"

Elle n'en doutait qu'à moitié. Ils avaient toujours eu une santé de fer dans cette famille, et c'était bien plus souvent Celenus qui réduisait le nombre de membres de la famille que les maladies ou les humains ! Mais bon, c'était aussi ça le destin d'une prêtresse, et Edlaega s'y était préparée dès le premier jour !

En entendant du bruit dans la maison Neoneus se retourna pour voir qui pénétrait dans la maison et fut bien rassurée de voir sa mère en pleine forme. La tension s'envola d'un seul coup, apparemment comme elle l'avait pensée, elle était partie s'occuper de quelque chose d'important pour revenir un peu plus tard ne voulant pas réveiller sa fille blessée qui avait besoin de repos pour revenir sans que celle-ci s'aperçoive de son absence. Mais elle était réveillée et se leva à la demande de sa mère. Son ventre lui faisait encore mal, mais c'était supportable, Neoneus observa sa blessure et vue la cicatrice qui s'y trouvait, heureusement qu'elle avait tué la créature très vite vu la manière dont elle avait transpercer ton corps il lui aurait suffit d'un simple mouvement de sa patte et ses tripes auraient étés répandues sur le sol.

« Ca va, enfin à peu près. J'imagine que j'ai due t'inquiéter, mais au moins le dévoreur ne nous embêtera plus. Au fait j'ai croisée un elfe de la garde tout à l'heure tout près de notre maison, je crois pas qu'ils soient au courant de ce que j'ai fait au dévoreur, mais à mon avis ils préparent quelque chose pour nous, j'aimerais que tu fasses attention. »

Neoneus ne put s'empêcher de sourire intérieurement en s'écoutant parler, on aurait dit les paroles d'une mère à son enfant, les rôles s'inversaient, c'était assez amusant pour elle.

Edlaega était rassurée : Neoneus était en état pour ne pas perturber l'ordre de la maison plus longtemps. Faisant mine d'ignorer une fois de plus l'insolence de son enfant, elle sourit aimablement à la mise en garde ridicule. Certes le chagrin qu'elle avait éprouvé à la mort de la moitié de sa famille l'avait attristé grandement au point qu'elle en pleure de temps à autre, mais elle ne parvenait en aucun cas à se méfier de Celenus ou des gardes de la ville ! Son enfant était tellement attardé, ne pas comprendre depuis tout ce temps que de toute façon, elle, Edlaega, souhaitait en partie ce qui lui arrivait ? Bien sûr qu'elle n'aimait pas les jeux mortels de sa stupide progéniture : quelle honte si un des membres de sa famille ne mourrait pas pour rendre service à la forêt ! Les monstres soi-disant "dangereux" que chassaient Neoneus servaient également à surveiller la forêt des créatures qui tenteraient d'y rentrer ! Mais laissons tomber, on ne pouvait plus rien pour cette enfant... La seule chose qu'elle pouvait faire c'était lui donner un semblant de tranquilité et d'amour afin qu'elle ne parte pas de la forêt.

"Ne t'inquiète pas, ma chérie, il faudrait être fou pour s'en prendre à une prêtresse de Celenus ! Et vu que j'ai pas à me soucier de moi-même, je vais en profiter pour faire doublement attention à toi ! Et si tu te sens de bouger un peu, aide moi à ranger la maison... Quel fouttoire !"

Tant de niaiserie... L'avantage de la situation, c'est que si Neoneus parvenait à se douter de l'attitude étrange de sa mère, elle pourrait le mettre sur le compte du chagrin, vu le triste passé de la famille Egamlung... Mais en attendant, il fallait s'occuper de la vaisselle qui s'entassait, des vêtements non-lavés, de la nourriture qui trainait, et de bien d'autres choses plus ou moins poussiéreuses...

Sa mère lui rétorqua qu'elle n'avait rien à craindre du fait qu'elle était prêtresse de Celenus, mais rien n'était moins sur pour Neoneus. Elle n'avait vraiment plus confiance dans les elfes, en dehors de sa mère. Elle se releva doucement et commença à aider sa mère à ranger, la maison n'était pas bien grande, ce fut fait rapidement, la jeune elfe était vraiment épuisé, l'effort n'était pas colossale, mais sa blessure la faisait encore un peu souffrir. Une fois le rangement totalement terminer elle retourna s'allonger, elle avait besoin de se reposer pour le moment. Elle observait sa mère depuis son lit.

« Dis-moi, ils ont déjà choisit le prochain sacrifice ? »

C'était une question qu'elle savait difficile pour elle, autant que pour sa mère, mais elle avait besoin de savoir qui serait le prochain à périr sous le coup d'une tradition stupide.

Le rengement était comme une distraction pour Edlaega qui laissait en fait plus des trois quarts de son travail à sa fille. Les prétextes ne manquaient pas mais la solution du silence portait souvent ses fruits. Il ne restait plus grand chose à faire lorsque Neoneus était partie se reposer, sans aucun doute mal en point par le trop plein d'exercice après s'être tout juste remis d'une blessure quasi-mortelle. Ce repos plus que la phrase qu'elle prononça firent froncer les sourcils à l'ainée de la famille. D'un ton presque exaspéré, elle répondit à sa fille tout en rendant à la nature la oussière qui avait occupé temporairement sa demeure.

"Tu devrais dormir un peu moins et t'intéresser un peu plus à l'activité de la forêt... Tu crois que je suis allée préparée le rituel pour la pleine lune ? C'est la sage des Tyu'lan qui va offrir ses services ce soir. Elle n'arrive presque plus à marcher et toutes ses années de services à Celenus lui ont valu le droit d'être offerte pour qu'elle veille sur la forêt. Il est rare de voir une prêtresse dépasser les quatre cent ans tu sais ?"

Edlaega se demandait si c'était bon pour elle d'essayer de s'acharner à faire comprendre à son idiote de fille l'honneur que représentait le droit au rituel après un service complet à servir le Grand Gardien de la forêt. Après avoir secoué le balais par l'ouverture de la porte, Edlaega vint se poser à côté de sa fille, regardant sans vraiment le voir le plafon de bois et de pailles de la maison.

Neoneus entendit sa mère soupirée avant de lui dire que cela serait une elfe vénérable qui serait sacrifié. La fille Egamlung ne put s'empêcher de penser à sa famille qui serait privée de la présence de cette personne. Même si sa mère essayait de la faire changer d'avis vis-à-vis de ce rituel qui leur étaient sacrés, la jeune fille resta camper sur ses positions. C'était souvent une discussion vide d'intérêt ce qui avait poussé les deux femmes à ne pas insister sur ce sujet.

« Je n'ai pas l'intention de faire le moindre effort pour les autres tant qu'eux-mêmes n'en feront pas. Jusque là je préfère dormir, au moins je n'embête personne en étant ici non ? Sauf toi peut-être... »

Neoneus se rallongea et ferma les yeux elle n'avait pas la tête à vraiment discuter de toute façon, quand elle irait mieux sans doute que cela recommencerais, mais pour le moment dormir était la meilleure solution.

L'affront était grand mais la bétise plus encore. Edlaega avait su développer une sorte de résisitance à l'ennervement que causait perpétuellement sa fille à chaque fois qu'elle essayait de s'exprimer. Provocation, dédain, irrespect, arrogance... Un tel pâté d'absurdités digne de la bétise ô combien légendaire des humains. Ca faisait déjà longtemps que la mère de famille ne se posait plus de questions sur la provenance d'un comportement aussi stupide, laissant ainsi toujours à sa fille l'impression qu'elle comprenait relativement ses émotions. Mais qui pouvait comprendre ça ? Edlaega avait expliqué avec une patience toute maternelle l'importance du rituel de ce soir qui consistait en quelque sorte à immortaliser l'aînée des Tyu'lan afin que son esprit réside désormais dans l'âme de la forêt. Celenus lui faisait un grand honneur ! Son corps ne serait pas le terrau qui fera pousser les arbres mais l'essence même des arbres ! Que demander de mieux alors que son espérence de vie touche à son terme ? Mais bien sûr, cela, il ne fallait pas compter dessus pour que Neoneus le comprenne. Ca serait rêver que d'espérer quelque chose d'utile d'elle ! Soupirant de la fatigue autant que de l'exaspération, la prêtresse répondit à sa fille.

"Je ne vois pas quel effort tu veux que nous fassions... Nous avons besoin de protéger cette forêt qui est notre demeure et notre sécurité, et Celenus nous permet de nous assurer de notre survie. En échange, nous devons montrer que la survie d'un peuple dépend de la vie d'une personne. Je trouve que c'est un bien faible tribu que nous devons honnorer afin de continuer de prospérer. Et sache que ce n'est pas bon pour toi non plus de trop dormir, mais tu t'en rendras sûrement compte quand le lychen aura commencer à te pousser dessus ! Haha ! Allez, cesse donc de bouder ouvre toi davantage aux autres..."

Les paroles d'une mère sont toujours sages, peu importe la voie choisie par la personne qui utilise ses conseils. Edlaega ne se douterait sans doute pas de l'impact que cette tirade aurait sur son enfant. En attendant, dans la demeure Egamlung, isolée du reste des habitations de Celenus, une prêtresse aux cheveux bleu commence à préparer le repas.

En l'entendant défendre avec une telle ardeur les rituels de Celenus et l'importance de ceux-ci Neoneus n'eut que l'impression d'entendre un elfe commun de cette forêt, mais il était déjà trop tard elle ne répondrait plus de toute manière. Même si intérieurement elle savait que les autres forêts elfique n'avait pas ce genre de rituel et qu'ils s'en sortaient très bien, comme le fait que Celenus protégeait la forêt était assez absurde, l'endroit était trop éloigné des cités humaine et trop difficile d'accès pour être vraiment pris pour cible, quand aux créatures dans la montagne il n'y avait aucune chance que Celenus puisse leur résister vu ce qu'il s'est passé pour le gardien de ces montagnes. De ce fait la forêt de Celenus n'avais aucunement besoin du sacrifice de qui que ce soit pour la prospérité de sa forêt. Il est vrai que Neoneus avait malgré tout envie de partir de la forêt, mais abandonner sa mère et penser qu'elle serait le prochain sacrifice lui était encore proprement insupportable, rien d'autre ne la poussait à rester ici, c'est pour cela qu'elle patrouillait souvent dans la forêt.

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